Marché de Noël

Il est 15 heures à Berlin. La tête pleine de musique de la Mésopotamie antique, je sors de la bibliothèque musicologique. La Spree et ses délicates senteurs de poisson ordralfabétixien coule calmement, faisant contraste au flot de touristes qui patientent devant le Pergamon Museum pour pouvoir admirer la porte de Babylone (décidément, la Mésopotamie m'assiège). La nuit commence à tomber : on distingue de moins en moins les moutons gris du ciel. La bruine du matin m'a empêchée de partir à vélo, alors pour compenser, si j'allais prendre le S-Bahn à Alexanderplatz ! Un peu de marche à pieds, ça détent !

Sur le chemin, (Unter den Linden)(pour ceux qui ne savent (toujours) pas, L'Avenue touristique berlinoise), je crois que deux des soixantes marchés de Noël berlinois.

En fait, il y a des marchés de Noël un peu partout, mais pas tous pareils. Ceux que j'ai visité (non, pas hier, je triche un peu) étaient plutôt des lieux "in", là où il faut être à Noël pour aller boire un Glühwein et manger des amandes grillées dans du sucre (mmm). Il y avait beaucoup de stands de restauration. Mais au milieu, parfois un petit bijou : de la dentelle en bois (magnifique), des boucles d'oreille ultra-originale, des créations en laine (chapeaux, gants, pull, ...), des décorations au thème "étoile", ...

Comme en France, les marchés se signalent par l'alignement de maisonettes en bois (qui me rappelent vaguement la fête de la bière d'Alexanderplatz)(mais c'est vrai que les allemands ont le génie du recyclage)(si, je vous jure, il y a même une consigne pour les verres en plastique de la machine à café), un peu de musique forraine (en France, c'est plutôt "les anges dans nos campagnes"), et beaucoup de lumières. En général, les marchés sont installés de manière à produire une ambiance chaleureuse, un peu confinée : soit par de petites allées entre les maisonettes, soit en étant installés sur une place (relativement) étroite. On peut rencontrer au coin d'une allée des musiciens (orgue de barbarie, chanteurs, joueur de flûte). C'est presque agréable d'aller flâner là-bas, d'oublier qu'on se trouve dans la capitale de l'Allemagne (pas dans une petite ville), et de regarder les enfants faire le cinéma à leurs parents jusqu'à avoir obtenu ce qu'ils voulaient (amandes grillés, tour de manège ou Lebkuchen (pain d'épice enrobé de chocolat en forme de coeur)). J'ai remarqué que d'ailleurs, la plupart du temps, ce sont les enfants qui gagnent !

Bref. Dernier petit détail avant de clore mon article, souvent, les marchés de Noël sont partiellement aussi une fête forraine.

Avec des grandes roues, des manèges avec des petits chevaux qui tournent, un traineau suspendu qui fait des allés-retours dans l'air avec le père Noël qui fait coucou et un enfant dans un nuage suspendu sous le traineau, ...

Et après réflexion, je me suis dit que quand même, les choses étaient bien faites. Nan, mais c'est vrai, imaginez deux secondes, si le marché de Noël était au mois de juillet. Il faudrait attendre 22h pour avoir un peu de nuit, alors que là, au moins, à 15h30, on est tranquille ! Et puis, de l'intérêt de vendre du vent chaud (le Glühwein, qui n'a pas du tout le même goût que le vin chaud français) quand il fait 30°C dehors. Et enfin, là, comme ça, il y a de l'animation dans la ville, de la lumière et de la musique un peu partout pendant la période la plus sombre de l'année. Peut-être que finalement, on a inventé le père Noël juste pour éviter un surcroit de dépression en décembre !