1er mai

Publié le par Muse Hique

 

Désolée, je ne peux pas vous donner la traduction du texte, sachez seulement que c'est un chant de protestation.

 

Le 1er mai à Berlin !

"Au Mexique, ce jour sonne la fin de la récolte des tomates et le début de l'été. En Allemagne comme en France, le 1er-Mai, chômé, est celui de la Fête du travail. Mais à Berlin, depuis plus de vingt ans, c'est un étrange et violent rituel qui focalise chaque année l'attention. La "tradition" remonte au 1er mai 1987. Dans un contexte social tendu, le quartier de Kreuzberg devient le théâtre d'une nuit d'émeutes entre policiers et militants d'extrême gauche. La date est restée. Anarchistes et autonomes de tous bords, parmi lesquels les "black blocs", se retrouvent chaque année, le même jour, au même endroit, pour une bataille rangée avec les policiers." Citation : link

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  Bon, je crois que nous ne sommes pas allés aux bons endroits. On a fait parti des "Krawalltouristen" (touristes de l'émeute) qui n'ont pas trouvé la Krawall ... Bon, notre objectif n'était pas non plus de nous faire castagner.

Une petite touche de culture avant de passer aux hostilités (euh, festivités) du premier mai. La nuit du 30 avril au 1er mai nommée la Walpurgisnacht est fêtées dans tout Berlin (et apparemment dans toute l'Europe aussi). C'est le sabbat des sorcières, la fin de l'hiver, le retour du soleil et de la verdure. A Berlin, c'est aussi un pré-premier mai, avec déjà des manifestations très politiques dans la ville. Mais qui "ne sont plus ce qu'elles étaient" d'après mes collocataires.

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EN fond de scène "Gegen Nazis + Miethaie" - Contre les nazis + les requins de l'immobilier (qui font monter les prix)

Nous, le 30 au soir, on était fatigués, et on avait bien envie de profiter du premier mai. Alors on a simplement fait un petit tour au Mauerpark, regarder un concert et puis un spectacle improvisé de cirque au son d'une batoucada.

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Le premier mai, bien renseignés, nous nous sommes rendus dans le Kreuzberg, entre la Oranienstrasse, la Mariannenplatz et Kottbusser Tor. La fête était organisée par le Linkspartei, soit l'équivalent du front de gauche français.

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"Contre la répression, contre l'exclusion et la discrimination. Nous sommes un risque. Nous sommes une chance. Nous sommes de gauche. Nous sommes bruyants. Nous sommes silencieux. Nous sommes les Bons. Nous sommes les Méchants. Nous sommes gays, lesbiennes, transsexuel, hétéro, jeunes, vieux. Nous sommes des punks, des étudiants, des précaires, des travailleurs, des salariés, des sur et sous qualifiés. Nous acceptons 300 millions de Dieux. Nous sommes la sous-culture. Nous sommes cosmopolites. Nous méprisons et combattons tous les faschichtes et nationalistes. Nous sommes nombreux. Nous sommes Kreuzberg 36 !"

 

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Kreuzberg 36 ?

36 est en fait l'ancien code postal de cette partie de Berlin, valable jusqu'en 1962 où l'Allemagne de l'ouest a instauré un code postal à 4 chiffres, puis 1993 où un cinquième chiffre s'est ajouté aux 4 premiers. L'autre partie de Kreuzberg était le 61. On trouve aussi l'appelation SO 36 ou SO 61. SO pour Südost, sud-est. Le 36 est tenu pour la partie la plus pauvre, et il y a, ou il y a eu, une véritable différence culturelle entre les deux parties de Kreuzberg. "36 brennt, 61 pennt" "le 36 grille, le 61 roupille".

De ce Kreuzberg pauvre, la ville a voulu faire table rase et construire une auto-route. Pour cette raison, une partie des immeubles n'ont plus été loués et les prix ont chutés. A cause de la décadence du quartier, certains groupes de populations y ont emménagé : beaucoup de travailleurs étrangés, des immigrés, des chômeurs,des étudiants et des artistes. Ce qui a donné lieu à un beau miwage culturel quio existe toujours aujourd'hui. Une forte communauté turque s'est installée dans le quartier. Kreuzberg est aussi le quartier du Döner à Berlin ! Il parait que c'est là qu'il aurait été inventé.

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D'ailleurs, nous le 1er mai, on a vraiment vu beaucoup de turcs. On a écouté de la musique turque, mangé turc, vu danser turc, ... D'ailleurs, en parlant de danse turque. Regardez la photo, l'homme à gauche. La bombarde, ça vous dit Quelque chose ? Le monsieur de la photo, ne joue pas de la bombarde, il joue du (ou de la) Zurna. C'est un instrument qui ressemble vraiment à la bombarde (et là, remarquez qu'il joue devant un micro, autant vous dire qu'on n'a pas trop trainés dans les parages après la photo)(pour ceux qui ne voient pas le rapport, déjà comme ça, la bombarde c'est très fort, c'est un instrument d'extérieur, mais alors avec un micro ....). Avec un petit détail qui m'a fait croire de loin qu'il jouait de la cornemuse, c'est qu'on en joue avec la technique de respiration circulaire. C'est à dire que le joueur prend une grande inspiration, commence à jouer et ne s'arrête plus jusqu'à la fin du morceau. Pour recharger ses poumons, il stock de l'air dans ses joues (un peu comme dans le sac d'une cornemuse) et suffle cette air en en inspirant à travers le nez. Essayez, vous allez comprendre que c'est pas facile !

Tant que je suis à vous parler d'instruments de musique. L'homme à gauche sur la photo joue du Davul. C'est un tambour qui se joue avec deux baguettes différentes. Celle de gauche sur la photo (soit la droite du monsieur) sert à jouer la rythmique principale (c'est certainement pour ça qu'elle est plus épaisse). Celle de droite sur la photo (et donc la gauche du monsieur) sert à jouer des rythmes d'accompagnements, des "contres-chants" rythmiques.

P5010009-2Et l'homme, là, il joue du Saz. C'est un luth à long manche qui possède de 3 à douze cordes rangées en choeur.  Quoi, on peut ranger des cordes en choeur ? Ce sont des rangs de cordes, c'est à dire des cordes tellement serrées ensemble qu'on les joue ensembles. Il peut y avoir par exemple 12 cordes, mais seulement 4 choeurs. Chaque choeur sera alors composé de 3 cordes. Vous suivez là ?

luth-ren.JPG Là on voit plutôt bien les choeurs. mais c'est un luth renaissance et pas un luth turc.

 

Mais le plus drôle les amis. Est-ce que vous connaissez les danses turques ? Et les danses bretonnes ?

Ben dans l'idée, c'est un peu le même concept.

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Je me suis bien demandé comment ça se faisait que les turcs de Kreuzberg dansaient du breton sur des airs de bombarde. Avec la mondialisation, tout devient possible. Et le lendemain, en séminaire de "Musique à travers les récits de voyage des premiers temps modernes", voilà-t-y pas qu'on travaille sur le texte d'un allemand partit en Turquie dans les années 1530 et qui décrit ce qu'il a vu : entre autre danse et musique. Et c'est comme ça que j'ai appris qu'en fait, les bretons et les turcs, ils dansent du breton et du turc, ça se ressemble, mais les turcs dansent bien du turc et pas du breton !

P5010017-2 Un peu plus loin, au détour d'une rue, nous sommes tombés sur un spectacle aux airs plus familier. Diabolo, public en cercle, plus ou moins assis, costume bizarre, beaucoup de blabla rigolo, petit air de festival de rue, non ? Bon, ça ne se voti pas sur la photo, mais le type debout habillé tout en rouge, il a parler presque sans s'arrêter pendant tout le spectacle ... en berlinois. Et moi, j'ai réussi a tout traduire à mon co-explorateur. Non, c'est pas important, mais je suis plutôt fière de moi !

P5010024-2Ce qu'il faut vous dire, c'est que quand on est arrivés vers 12h, il y avait pas mal de monde. Et quand on est paris vers 16h, c'était de la folie. On voulait rejoindre la station de métro en traversant la Oranienstrasse. On a fini par faire demi-tour, parce qu'on réussi à avancer de seulement 8 mètres en 10 minutes ... Alors voilà, le calme le long du Landwehrskanal pour se remettre du bain de foule, ça a fait du bien. Surtout que mine de rien, le 1er mai, il a fait quelques 30°C à Berlin ...

Et voilà, je ne peux pas vous en dire beaucoup plus sur le 1er mai, parce que d'autres aventures ont suivi, mais c'est une autre histoire ...

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